Deuil par téléphone

ORGANISATION > SOINS A DOMICILE
23/12/2019
Introduction

Le deuil est un processus psychique qui se déroule à partir du référentiel de l’interlocuteur et non pas du soignant. Les actions entreprises au téléphone peuvent être brèves pour peu qu’elles soient pertinentes et intenses.

ARM
2. déterminer le niveau de priorité de l'appel initial

P0 : si la situation se présente comme un arrêt cardiorespiratoire récent (cf. fiche).

P2 (en évitant une mise en attente prolongée) : si le malade est annoncé comme étant mort de façon irréversible (raideur, froideur…) ou dans un contexte de mort attendue.

3. chercher à savoir

Ancienneté de l’évènement, circonstances, contexte (décès attendu ou non), ressenti, existence de directives anticipées, présence de la personne de confiance.

4. conseiller en attendant la régulation médicale et l'arrivée des secours

Favoriser l’expression de l’appelant : écoute plutôt passive, éventuellement active, expression centrée sur les évènements, le ressenti et l’émotion ;

Formuler et/ou reformuler sa compréhension du ressenti et de la demande de l’appelant (empathie).

Si possible, identifier des signes d’état de stress aigu, d’état de stress post traumatique, de dépersonnalisation ou de déréalisation.

5. adapter la décision si l’appel ne peut être régulé immédiatement

Poursuivre l’écoute empathique lorsque le décès est certain.

Médecin régulateur
Régulation
1. éléments d’analyse et critères de gravité

Différencier un décès certain et une situation qui se présente comme un arrêt cardio-respiratoire sans notion d’irréversibilité ni contexte de mort attendue.

2. déterminer le niveau d’urgence

R1 : situation qui se présente comme un arrêt cardio-respiratoire et non pas comme un décès (ne pas envoyer systématiquement de VSAV ou d’UMH pour se rassurer soi-même lorsqu’on pense la mort certaine).

R2 : engagement d’un médecin pour la délivrance du certificat de décès (mort naturelle ou suspecte) dans un délai qui doit être expliqué et accepté par l’entourage.

R3 ou R4 : adresser au médecin traitant dans le cadre de l’accompagnement médical d’un deuil.

3. conseils médicaux

La mort nécessite un médecin pour l’affirmer (certificat) mais le deuil ne nécessite pas toujours l’intervention d’un médecin ou d’un psychiatre.

4. niveau de soins attendu et bilan par le premier effecteur

Si un VSAV est présent sur les lieux, le médecin régulateur prend en compte le bilan du chef d’agrès et l’informe de sa décision d’arrêt des gestes de survie. Les éléments en faveur d’un état de mort doivent être clairement exprimés à cette étape. Un dialogue collégial entre le médecin régulateur, le chef d’agrès du VSAV sur place et la famille, permettant à celle-ci d’accepter cette décision, est indispensable à l’application de la procédure d’arrêt des gestes de survie. Le médecin annonce le décès à la famille présente.

5. mise en condition et bilan par le SMUR

(sans objet).

Orientation du patient

Le corps est laissé sur place, installé par l’équipage du VSAV dans le lieu souhaité par la famille en l’absence d’obstacle médicolégal.

Suivi de la régulation médicale

Un médecin généraliste, préférentiellement le médecin traitant, est engagé afin d’assister la famille et d’assurer les démarches administratives (certificat de décès). Le délai d’intervention du médecin est convenu avec lui et communiqué à la famille : une heure semble acceptable lorsque l’entourage familial a bien compris la situation.

Adaptation de la décision
Aide au raisonnement

Le deuil comprend quatre phases d’intensité et de durée variables : l’effondrement, le déni, la révolte et la reconstruction progressive.

Le processus normal du deuil dure environ six mois, un deuil devient pathologique au-delà d’un an et il faut alors médicaliser le sujet. Les difficultés liées au deuil sont un phénomène normal et ne constituent pas une pathologie. L’accompagnement du deuil est un authentique travail médical assimilable à un acte thérapeutique. Le deuil est un processus psychique où l’imaginaire a une place dominante. Les actions entreprises au téléphone peuvent être brèves pour peu qu’elles soient pertinentes et intenses ; les maîtres-mots sont disponibilité, accompagnement et empathie.

Le deuil est un processus long d’autant mieux réalisé que son démarrage est adapté. Le travail de deuil est fondé sur :

  • l’intégration de l’évènement dans l’intimité psychique du sujet (sa pensée et surtout son imaginaire) et de la certitude de la perte (expression claire et univoque par le soignant : il est mort, il est décédé).
  • l’accompagnement empathique du sujet, fondé sur son référentiel à lui et non pas celui du soignant. L’important est : comment pense-t-il et que ressent-il en ce moment, comment à partir de là peut-on le piloter ? Peu importe ce que pense le soignant ou comment il aurait réagi lui-même.