Fièvre en retour de zone tropicale
Le paludisme est la cause la plus fréquente de fièvre au retour de voyage en zone tropicale ; viennent ensuite les infections cosmopolites. Il faut savoir évoquer les pathologies infectieuses émergentes.
• P1 : fièvre très élevée associée à des signes de mauvaise tolérance respiratoire (dyspnée) ou neurologique (coma, torpeur, convulsions) ou des complications hémorragiques extériorisées.
• P2 : fièvre isolée ou signes d’accompagnement modérés : frissons, malaise, douleurs, céphalées, myalgies.
Signes présentés en plus de la fièvre : toux, diarrhée, vomissements, éruption cutanée, courbatures, maux de tête.
Pays visités, durée de séjour, date du retour.
Autres personnes de l’entourage présentant les mêmes symptômes.
Rester au repos, mesurer la température. Isoler le patient dans une pièce si toux ou éruption.
Lutter contre la fièvre et la douleur par des moyens externes en cas de signes d’intolérance : déshabillage, aération du local, aspersion d’eau ou linges humides. Contre-indiquer la prise d’anti-inflammatoires et surtout d’aspirine. Mettre sur le côté en cas de troubles de conscience.
Envoi d’un moyen secouriste en cas de mauvaise tolérance respiratoire ou neurologique en informant des mesures d’hygiène à appliquer dès la prise en charge : masque si le patient tousse ou présente une éruption évocatrice de purpura, gants et surblouses si signes digestifs.
• en fonction des pays visités ou selon les alertes épidémiologiques délivrées par les autorités de santé aux SAMU-Centres 15 par les MARS (Messages d’Alerte Rapide Sanitaire) et/ou DGS-Urgent, concernant des éventuelles pathologies infectieuses rares mais graves et contagieuses, et qui nécessitent une prise en charge spécifique, en lien avec un infectiologue référent et les autorités de santé :
- pays impaludé : nécessité d’une consultation médicale
- Arabie Saoudite, autre pays du Moyen-Orient à risque : évoquer une infection à MERS Coronavirus si signes respiratoires
- Afrique centrale ou de l’Ouest : évoquer une fièvre hémorragique virale si signes digestifs et/ou hémorragiques et/ou neurologiques (Lassa, Ébola).
• critères de gravité : obnubilation, confusion, collapsus par déshydratation (diarrhées), état de choc, lésions purpuriques (cf. fiche), détresse respiratoire.
• R1 : signes de gravité.
• R2 : en cas de suspicion de pathologie infectieuse rare mais grave, sans signe de détresse vitale.
• R3 : en cas de suspicion de paludisme, sans critères de gravité.
En attendant l’arrivée des secours : isolement du patient susceptible d’être contagieux dans une pièce, au repos.
Mesure des paramètres vitaux pour évaluer une dyspnée, un sepsis…
Préciser les conditions du voyage (pays traversés, prophylaxie anti-palustre, contact avec personnes malades, animaux, moustiques) ; intervalle retour-symptômes ; état clinique (choc, détresse respiratoire, purpura…).
Recherche étiologique : hépatites virales (ictère, hépatomégalie, urines foncées), paludisme (fièvre cyclique, vomissements, diarrhées, thrombopénie, anémie, splénomégalie, convulsions, hypoglycémie), méningo-encéphalite (syndrome méningé, purpura, signes de localisation), douleur en fosse lombaire, crépitants à l’auscultation pulmonaire…
• Prise en charge à domicile dans la majorité des cas.
• Service d’urgences ou de réanimation médicale si signes de gravité.
• Service de maladies infectieuses référent en cas de pathologie infectieuse spécifique nécessitant une filière de prise en charge dédiée.
Alerte des autorités sanitaires en cas de pathologie infectieuse spécifique nécessitant une filière de prise en charge dédiée.
En cas de difficultés à la régulation médicale, envoi d’un médecin à domicile, avec mesures d’hygiène adaptées.
En l’absence d’évaluation ambulatoire possible, adresser le patient dans un service d’urgences. En cas de pathologie potentiellement grave et contagieuse, s’assurer de l’accord du responsable du SU et de la possibilité d’isoler le patient.
Le paludisme est la cause la plus fréquente de fièvre au retour de voyage, y penser systématiquement. Viennent ensuite les infections cosmopolites (pneumopathies, pyélonéphrites…).
Critères majeurs de l’OMS de gravité d’un accès palustre grave (perniciosité) :
P. falciparum avec un des critères suivants :
GCS < 10
anémie profonde (Hb
insuffisance rénale aiguë (créatinine >265 µmol/L)
œdème pulmonaire lésionnel ou SDRA
hypoglycémie <2,2 mmol/L
état de choc
hémorragie spontanée et/ou CIVD
convulsions généralisées répétées
acidose métabolique (pH<7,25 ou bicarbonates
hémoglobinurie paroxystique.
En fonction de la date du retour et des pays fréquentés :
— <7 jours : paludisme, diarrhées infectieuses, bactériémie, méningite bactérienne (en particulier en période d’épidémie de méningite à méningocoque, entre décembre et juin), dengue, typhoïde, paratyphoïde, grippe et syndromes grippaux…
— 7 à 14 jours : paludisme, typhoïde, paratyphoïde, rickettsiose, leptospirose, fièvre jaune, MERS Coronavirus…
— >14 jours : paludisme, hépatites virales, amibiase, leishmaniose, fièvres hémorragiques virales de type Ébola, Lassa, Crimée-Congo (21 jours)…