Avalanché

PATH CIRCONSTANCIELLES
22/11/2018
Introduction

Motif d’appel peu fréquent mais qui concerne souvent plusieurs victimes. L’enjeu est dans la rapidité d’intervention des témoins (à guider) et des secours professionnels.

ARM
1. identifier l'appelant, le lieu d'intervention et le patient

La reconnaissance de la piste, du sommet, de l’altitude aide à la localisation d’un informateur imprécis. Le témoin ayant parfois parcouru une longue distance pour donner l’alerte doit demeurer sur place afin que l’équipe de secours héliportée obtienne des compléments de localisation. L’ARM complète l’interrogatoire par la description des conditions météorologiques locales (vent, visibilité…). Localisation GPS.

2. déterminer le niveau de priorité de l'appel initial

P0 : victime ensevelie, arrêt cardiaque, coma.

P1 : victime extraite de l’avalanche polytraumatisée ou en hypothermie.

P2 : patient conscient qui frissonne ; la gestion des circonstances incombe plutôt au médecin urgentiste hospitalier.

3. chercher à savoir

Nombre de victimes, survenue sur piste ou en dehors domaine skiable, présence d’une zone de poser d’hélicoptère à proximité de la coulée.

4. conseiller en attendant la régulation médicale et l'arrivée des secours
  • Protéger les témoins et les rescapés non équipés d’Appareil de Recherche des Victimes d’Avalanches (ARVA), d’une sur-avalanche en dehors de la zone avalancheuse.
  • Faire débuter la recherche lorsque les témoins volontaires savent manipuler leur ARVA.
  • Toujours faire rechercher, sans les bouger, les indices (vêtements, équipement…) pouvant apparaître à la surface de l'avalanche.
  • Ne pas gêner le futur travail des chiens par des comportements inadaptés : ne pas fumer, ne pas manger sur la zone, ne pas uriner à proximité.
5. adapter la décision si l’appel ne peut être régulé immédiatement

Envoi d’une première rotation héliportée avec une équipe secouriste et médecin.

Médecin régulateur
Régulation
1. éléments d’analyse et critères de gravité
  • Évaluer si le motif d’appel est une demande pour des victimes potentielles ou s’il s’agit de victimes ensevelies avec certitude.
  • Critères de gravité :
    • cliniques : arrêt cardiaque, traumatisme grave, hypothermie profonde, coma hypoxique,  détresse respiratoire.
    • circonstanciels : victimes ensevelies non retrouvées.
2. déterminer le niveau d’urgence

R1 : critères cliniques ou circonstanciels de gravité.

R2 : victime sortie de la neige, s’exprimant normalement sans plainte importante.

R3 : rescapé non enseveli sans aucun signe clinique.

3. conseils médicaux
  • En attendant l’arrivée des secours :
    En raison du risque d’hypothermie, les victimes ne doivent pas être dégagées avec précipitation mais aussi prudemment que possible.
    Rappeler le séchage et l’isolation thermique des sujets en hypothermie (pas de réchauffement actif).
    Victimes dégagées : ne réaliser que les gestes qui sauvent, aucune mobilisation inutile :
    • qui ne respirent pas : massage cardiaque externe.
    • inconscientes qui respirent : mise en PLS, maintien tête, compression d’éventuelles plaies hémorragiques.
    • conscientes : demi-assise si difficulté respiratoire.
  • En l’absence de nécessité d’envoi des secours : (sans objet).
4. niveau de soins attendu et bilan par le premier effecteur

Confirmer les propos des témoins, évaluer le nombre de victimes ensevelies, l’étendue de l’avalanche et les dangers potentiels de sur-avalanche.

5. mise en condition et bilan par le SMUR

Bilan d’ambiance précoce pour décider de renforts médicaux, cynophiles ou techniques (personnels pour former les vagues de sondage).
Prise en charge des détresses vitales.
Gestion spécifique des victimes en hypothermie.

Orientation du patient
  • SU : blessures qui n’engagent pas le pronostic vital, hypothermie légère (>32°C).
  • Réanimation : traumatisme grave, coma hypoxique, hypothermie modérée (<32°C).
  • Centre avec circulation extracorporelle : hypothermie sévère (<29°C).
Suivi de la régulation médicale

Prévoir l’information des autorités préfectorales et la nécessité d’un plan de recherche avec équipes cynophiles, PGHM et CRS, GMSP, associations de secours en montagne.
Si l’avalanche survient sur le domaine skiable, le commandement des opérations de secours appartient au service des pistes alors qu’en hors-piste, c’est l'un des sauveteurs qui prend la direction de l'opération.
Veiller à ce que l’hélicoptère transporte en priorité les victimes dégagées et graves vers les structures hospitalières plutôt qu’il achemine des sondeurs ou des autorités.

Adaptation de la décision

Cf. la fiche Procédures dégradées générales

Envoyer une équipe pédestre secouriste avec médecin si l’hélicoptère est indisponible.
Faire prévenir le MCS ou le médecin de la station concernée, en attendant le Smur.

En cas d’indisponibilité des centres de CEC, un patient hypothermique en arrêt cardiaque est dirigé dans une réanimation qui peut mettre en œuvre une dialyse péritonéale de réchauffement.

Aide au raisonnement

Les chances de survie des victimes d’avalanche diminuent très rapidement avec la durée d’ensevelissement : après 15 minutes, le pourcentage de survivants chute fortement (34% de survivants à 35 minutes), au-delà les chances de retrouver une personne en vie sont très faibles.
Les trois facteurs en cause dans le décès des avalanchés sont par ordre décroissant : l’asphyxie, le traumatisme grave et l’hypothermie.
La mobilisation intempestive d’une victime en hypothermie peut provoquer un arrêt cardiaque brutal, dû au retour dans le cœur du sang froid contenu dans les membres. De nombreux "décès dus au secours” peuvent être attribués à ce mécanisme.
Le concept "Dog and Doc" est primordial et consiste à amener de façon privilégiée sur le site médecin(s) et équipe cynophile. Le médecin doit être déposé sur les lieux le plus tôt possible pour assister à l’extraction des avalanchés de manière à juger lui-même des critères de réanimation des personnes en état de mort apparente.