Transport sanitaire médicalisé héliporté

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16/12/2018
Introduction

Les patients qui bénéficient le plus d’une prise en charge héliportée sont : en primaire les traumatisés graves, les traumatisés crâniens, les enfants traumatisés, les coronariens, les patients de néonatologie et d’obstétrique ; en secondaire les patients en recherche de lits de réanimation, soins intensifs ou spécialisés.

La réponse repose schématiquement sur trois points clefs :

  • existe-t-il une indication de médicalisation par le Smur ?
  • est-ce une contre- ou non-indication de transport par hélicoptère ?
  • la mission HéliSmur est-elle techniquement réalisable ?
    • une équipe médicale compétente pour ce type de mission est-elle disponible ?
    • la machine est-elle disponible ?
    • les conditions de vol sont-elles favorables ?
ARM
1. identifier l'appelant, le lieu d'intervention et le patient

et l’éventuelle destination.

2. déterminer le niveau de priorité de l'appel initial

• P1 : demande d’intervention primaire ou de renfort sur place d’une équipe SMUR en intervention primaire ou de transfert interhospitalier vers un plateau technique.

• P2 : demande de transfert interhospitalier programmé.

3. chercher à savoir

Pour les situations étant habituellement l’objet de mission HéliSmur, localiser la zone de poser envisagée.

Matériel spécifique nécessaire (incubateur…).

4. conseiller en attendant la régulation médicale et l'arrivée des secours
(sans objet).
5. adapter la décision si l’appel ne peut être régulé immédiatement

Informer le personnel navigant de la possibilité d’une intervention héliportée pour en étudier la faisabilité (zone de poser ; météorologie) et anticiper la mission.

Médecin régulateur
Régulation
1. éléments d’analyse et critères de gravité

Intervention primaire
Un HéliSmur peut être engagé en intervention primaire s'il permet un bénéfice en termes de réduction de délai de prise en charge thérapeutique, une réduction du délai de prise en charge dans un centre adapté à l'état du patient, en cas d'accidents catastrophiques à effet limité ou de catastrophes majeures, pour le transport de personnel et la prise en charge des patients.
Le délai entre la prise de décision en régulation médicale et le départ de l'HéliSmur doit alors être inférieur à 10 minutes. Afin de gagner en efficience, il est nécessaire d'anticiper la recherche de zones de poser, notamment par une reconnaissance préalable et l'établissement d'un registre des espaces (ex : stades) susceptibles d'être utilisés. De même, les prévisions météorologiques doivent être actualisées plusieurs fois par jour par le pilote.

Transferts inter établissements de santé (transport secondaire, T2 T3)
Hormis les contre-indications citées par ailleurs, tout malade qui nécessite une médicalisation pendant son transport peut être évacué par voie aérienne, en particulier si son temps d'accès à l'établissement de soins visé est significativement amélioré.
Le temps global de la mission doit être estimé : il prend en compte les délais d'acheminement éventuel de la machine, de prise en charge, de mise en condition, d'éventuels relais en ambulance terrestre, de temps de vol.
Le temps d'immobilisation de l'équipe médicale doit également être évalué et pris en considération pour coordonner les missions en cours ou programmées.

Contre-indications absolues
Certains patients ne relèvent pas d’une prise en charge réanimatoire et sont a priori exclus d’une prise en charge Smur : les patients en phase terminale ou qui ne désirent pas de réanimation.
D’autres patients ne doivent pas se trouver à bord d’un hélicoptère, y compris médicalisé :

  • les patients très instables lors de la prise de décision et pour lesquels une réanimation « intense » durant le transport est prévisible (massage cardiaque manuel, …) : ils doivent recevoir les soins techniques et réanimatoires avant le vol ou durant le transfert terrestre ;
  • les patient agités ou violents, non sédatés ;
  • les parturientes dont l’accouchement est imminent, dont le travail est actif (surtout si le col est dilaté et effacé, ou en cas de prématurité) ;
  • les patients infectés quand le risque de contamination n’est pas maîtrisé par des mesures barrière ou lorsqu’ils ne peuvent pas prendre place à bord d’un caisson de confinement.

Les transports bariatriques ne sont pas compatibles avec le volume de la cellule sanitaire des hélicoptères utilisés actuellement en France.

Contre-indications relatives
Le transport des patients ayant les pathologies suivantes est classiquement déconseillé en altitude :

  • pneumothorax : il est nécessaire de drainer préalablement le patient et de mettre en place au minimum une valve de Heimlich ;
  • accident de décompression, embolie gazeuse artérielle, pneumo-encéphalie : il faudra recommander au pilote de ne pas voler à haute altitude, de rester dans la zone de vol habituelle ;
  • accident cérébro-vasculaire hémorragique dans les sept jours précédents.

En réalité, les variations de la pression barométrique à l’intérieur d’un hélicoptère sont très faibles en raison de l'altitude de vol (1500 à 2000 pieds). Elles n’exposent pas à des variations de volume des gaz et aux effets secondaires d'ordre ventilatoire. Elles ne sont à prendre en considération que pour des vols en région montagneuse.

Non indications
Les patients se situant en zone urbaine n’ont pas à être transporté en hélicoptère s’ils sont proches du plateau technique devant les accueillir. Aucun bénéfice n’a été démontré lors du transport des blessés légers. Les patients ne nécessitant pas une médicalisation par le Smur (transport sanitaire non médicalisé, transport infirmier inter hospitalier, niveau de soins « Smur » non nécessaire) n’ont pas à être transporté en hélicoptère si un transport terrestre rapide est possible. En effet, l’attente de l’hélicoptère (par exemple pour un patient ayant un AVC et devant être thrombolysé) retarde l’arrivée du patient dans le centre de référence et occasionne une perte de chance.

Éléments stratégiques
La décision est modulable en fonction de la disponibilité de équipes Smur, des demandes d’intervention Smur déjà en attente. Pour les transferts interdépartementaux, la disponibilité des équipes Smur doit être étudiée au niveau territorial (territoire d’intervention des HéliSmur régulés par le CRRA) et supra territorial (régional, zonal).

Dans certains cas, le calcul du bénéfice / risque, la sédation du patient, ou une problématique de désenclavement viendront changer le rationnel classique de ces contre ou non indications, en particulier lorsque les conditions d’accès routiers sont entravées (afflux de population, …) ou complexes (iles, …).

2. déterminer le niveau d’urgence

Le score PDL (Pathologie Distance Logistique) peut être utilisé pour prioriser leurs missions HéliSmur (notamment en cas de demandes simultanées). Ce score se compose d’éléments médicaux (évolutivité clinique), de distance (ratio sur le temps de vol) et de logistique (absence de Smur ; relais terrestre nécessaire). La demande qui a le plus haut score est prioritaire. Il est également utilisé pour caractériser l'intérêt du transport lorsque le score est inférieur à 6.

3. conseils médicaux

(sans objet)

4. niveau de soins attendu et bilan par le premier effecteur

Le premier bilan pourra confirmer ou infirmer l’indication d’hélicoptère.
Dans les grandes métropoles, la technique du "primaire rendez-vous" consiste à envoyer l’hélicoptère secondairement après mise en condition sur le terrain par une équipe dépêchée par voie terrestre. De même, le relais d’un autre SMUR sur le terrain pour acheminer le patient rapidement vers un plateau technique spécialisé doit être envisagé dans une optique de gain de temps pour le patient.

5. mise en condition et bilan par le SMUR

Pas de spécificité, l’équipe médicale stabilise le patient avant d’entreprendre le transport.

Pour les patients concernés par la « golden hour » (traumatisés grave, SCA ST+ attendu pour un acte technique, …), l’équipe Smur ayant pris en charge le patient poursuit la médicalisation du transport pendant la phase héliportée aussi souvent que possible. Pour ces patients et en l’absence de besoin de renfort par une équipe SMUR supplémentaire, l’hélicoptère est mis à disposition de l’équipe SMUR déjà sur place.

Orientation du patient

Le choix de la destination du patient tient compte des contraintes spécifiques de ce type de transport notamment la nécessité d’éviter au maximum tout relais par ambulance.

Suivi de la régulation médicale

Le médecin régulateur se tient informé du déroulement de toute la mission et veille à la transmission à tous les intervenants des horaires.

Adaptation de la décision

Cf. la fiche Procédures dégradées générales

La modification des conditions météorologiques en cours d’intervention peut nécessiter le changement d’orientation du patient ou l’annulation de la mission.

Aide au raisonnement

La mise en œuvre d’un HéliSmur nécessite l’élaboration d’une procédure opérationnelle.

Le score PDL se compose d’éléments médicaux (évolutivité clinique), de distance (ratio sur le temps de vol) et de logistique (absence de Smur sur place ; relais terrestre nécessaire) : il permet de caractériser l'intérêt et de prioriser les missions HéliSmur.

Les rares contre- ou non-indications doivent à chaque fois être étudiées selon le principe du bénéfice / risque.

Le rationnel de la mise en place d’un HéliSmur est composite : médical (poser les indications et non indications, …), humain (briser l’isolement en assurant partout un accès aux soins d’urgence) ; politique (faire des choix politiques de santé publique ; corriger les inégalités territoriales) ; médico-économique (optimiser l’organisation médicale territoriale terrestre pour dégager les ressources financières nécessaires à son fonctionnement) et organisationnel (augmenter la rapidité, la sécurité et le confort ; optimiser l’emploi des ressources médicales Smur et les mettre au service d’un bassin de population élargi ; maintenir les moyens humains nécessaires aux transports terrestres sur des petites distances, ou lorsque les conditions météo sont défavorables au vol par hélicoptère).

Un maillage aérien de « point à point » (procédure GNSS) a vocation à définir des liaisons aériennes sécurisées permettant de mailler les établissements de santé entre eux, garantissant l’accessibilité des territoires reculés ou enclavés (îles, montagne, …), lors de conditions météorologiques défavorables.